L’obligation d’exploiter le plein potentiel solaire du canton va générer des besoins en financement important pour les différentes entreprises qui ont investi dans l’immobilier à Genève (caisses de pensions, sociétés immobilières, fonds immobiliers, etc.).
Actuellement, plusieurs entreprises ont déjà franchi le pas en réalisant ces investissements avec leur fonds propres (ou en recourant à des emprunts) car les projets sont actuellement très rentables et l’investissement est entièrement récupéré après 6 ou 7 ans, les 13 à 18 années suivantes étant purement bénéficiaires compte tenu des bons prix de rachat à Genève. Il s’agit ainsi d’une stratégie d’investissement tout à fait rentable (voir très rentable pour certains acteurs).
Par ailleurs, l’investissement dans les installations photovoltaïque émerge également du côté d’investisseurs non propriétaires (typiquement des fonds) qui cherchent à louer des surfaces de bâtiments pour y réaliser leur projet solaire en rétrocédant une partie des rendements, par exemple sous forme de loyer ou paiement d’une servitude.
Enfin, force est de constater que de très nombreux capitaux continuent à être actuellement investis dans des projets d’énergie fossile (forage, etc.). L’une des raisons est qu’actuellement, il n’existe que très peu de projets alternatifs (comme des centrales solaires) à dimension suffisamment importante pour que des capitaux importants puissent y être redirigés. L’autre raison est qu’il y a un élément d’insécurité avec le marché solaire qui, même s’il a fait ses preuves ces dernières années, reste relativement émergent sur le marché de l’énergie.
Nonobstant, il est important de soutenir la transition des investissements du fossile vers le renouvelable, et offrir des perspectives de financement avantageux aux propriétaires immobiliers qui vont être confrontés à une obligation d’installer des centrales photovoltaïques, ce qui va requérir des capitaux qu’elles n’ont peut-être pas actuellement à disposition. Or, les installations étant rentables, il s’agit en réalité d’avance des fonds et rémunérer ces derniers avec des intérêts raisonnables pour que l’accès à l’électricité verte reste à prix raisonnable lui aussi.
Afin d’accompagner l’obligation d’équiper les surfaces éligibles avec du photovoltaïque, l’initiative prévoit un mécanisme visant à rassurer les marchés financiers sur le fait que financer ces opérations sera une opération qui ne présentera pas de risques pour les investisseurs. L’initiative garantit que le financement de l’opération, en tenant compte des conditions du marché, y compris les frais de financement et de recyclage des installations à la fin de la période de production, sera au pire neutre (i.e. un exercice blanc) pour l’investisseur, car le prix total du rachat de l’électricité produite sur la durée de vie l’installation devra nécessairement être au moins égal au total des coûts engendrés. Si tel n’est pas le cas (prix trop bas offert pas les SIG), l’État fonctionnera comme garant et mettra alors la différence afin que l’opération n’ait généré aucune perte pour l’investisseur. Il faut rappeler que cette hypothèse est cependant extrêmement faible compte tenu de la demande pour l’énergie, comme l’histoire récente le démontre bien entendu.
Cette garantie est justifiée par le fait que le canton a véritablement besoin de cette électricité indigène et propre pour les besoins des citoyens et de son économie. Il pose ainsi une obligation aux investisseurs sur le marché de l’immobilier afin qu’ils soient tous acteurs de la production d’électricité, mais accompagne cette obligation d’une garantie importante, qui vise à faciliter l’accès au financement et à grandement réduire les coûts de ce dernier (les risques pour le prêteur étant presque inexistants, le coût de l’intérêt devrait être bas).
Actuellement, les investisseurs dans les projets photovoltaïques évaluent la rentabilité des projets en se basant sur des types de surface et de construction pour estimer le coût de l’installation et la rentabilité attendue compte tenue de l’ensoleillement (ils ont des grilles ou catégories). L’idée de la mise en œuvre de la garantie de prix minimal serait de procéder de manière similaire, en formant des catégories de « type » d’investissement en fixant un prix estimé de rentabilité nécessaire par catégorie. Pour faciliter la mise en œuvre du système, un montant final sera versé au propriétaire si ce dernier démontre que les coûts légitimes qu’il a supporté sont plus importants que ceux prévus dans la grille et la différence lui sera versé à la fin de vie de l’installation.
Il est important de préciser ici que cette garantie ne changera a priori pas le prix de rachat des SIG (qui est actuellement d’environ 14cts par kilowatt-heure). Elle ne s’activera que si le prix de rachat baisse de manière à ce que sur la durée de vie de l’installation photovoltaïque, le prix total payé à l’investisseur ne soit pas suffisant pour récupérer son investissement.